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Extraits
Un matin, les militaires ont surgi de la brousse. Ils ont tiré sur tout le monde. Ils ont pénétré dans notre case. Ils ont pris mon mari et l’ont abattu ainsi que trois de mes enfants. Ensuite ils m’ont violée. Cinq de mes enfants ont survécu. Je les élève seule. Mais leur assurer une vie décente est impossible pour moi. Je passe mes journées dans la rue à vendre du charbon. Leur éducation en pâtit. Ils sont souvent pris en train de voler. Ils ne vont pas à l’école. Nous n’avons pas de toit. Il arrive que je ne trouve pas de quoi les nourrir. Imaginer que mes enfants meurent tandis que je possède un champ que je pourrais cultiver m’est insupportable. Je culpabilise. Si seulement mon mari était vivant.
Joséphine, 45 ans
Je ne suis personne pour mon père
Juste un poids pour ma mère
Je n’ai rien demandé
On ne me demande rien
Je n’ai plus que moi
Ton enfant n’est pas de celui dont tu rêvais
Te fait-il honte
Veux-tu le donner ?
Tes bras l’encerclent cherchent à le protéger
Maladroitement de ce dont il se souviendra
Grand-mère, sur ta peau ravagée je lis la mémoire discrète de la douleur
Dans tes yeux de sage l’impossible pardon au violeur