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Préface de Madame Micheline Calmy-Rey, Présidente de la Confédération suisse
J’ai eu l’occasion de visiter la région du Sud Kivu où les femmes sont les plus touchées par ce conflit régional de treize ans qui a coûté, selon les différentes estimations, des millions de vies. Entre avril et juin 2009, l’ONU a enregistré, avec près de 500 cas, davantage de viols que pendant toute l’année 2008. L’hôpital de Panzi à Bukavu voit défiler chaque année plus de 4000 femmes. Dans le même temps, seuls 30 cas ont été portés devant la justice et 18 condamnations prononcées.
J’ai vu des femmes magnifiques, des femmes victimes de ce conflit armé, des femmes qui subissent, quotidiennement, des horreurs abominables, qu’elles osent évoquer. Ces violences sont innombrables, innommables, ignobles. Le terme de violence est-il approprié ou est-ce plus que cela ? Ces atteintes systématiques à ces femmes et enfants ne constituent pas seulement une violation majeure de leurs droits humains mais font partie d’une stratégie de destruction d’une communauté tout entière et de son devenir. Les violences sexuelles systématiques constituent une arme de guerre et ces crimes majeurs doivent être sanctionnés conformément aux règles du droit pénal national et international. Malgré cela, les personnes se livrant à ces exactions sont encore trop rarement amenées à rendre des comptes. Les viols de masse commis récemment au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, nous ramènent une fois de plus à cette triste réalité, laquelle nous impose de redoubler d’efforts dans la lutte contre de telles exactions.
Ces femmes, en dépit de la situation difficile et des innombrables dangers auxquels elles doivent faire face, ne cessent de lutter pour leurs droits, pour leur dignité, pour leur survie et celle des leurs. Ces femmes ne sont pas les victimes que l’on croit, elles font preuve d’un engagement exemplaire pour la justice et pour l’égalité. Leur engagement est d’une valeur inestimable.
Micheline Calmy-Rey